La Street Republique 2020

Pour nombre de riders, le rythme d’une année est habituellement donné par l’enchaînement des contests. On sait ainsi que la belle saison commence souvent sur les rives du Lez à Montpellier, et s’achève régulièrement sur celles du lac Léman à Lausanne.

Ces repères ont été complètement chamboulés en cette année si particulière, et seule une poignée d’événements a pu avoir lieu, dont la troisième édition de la Street République à Paris le 12 Septembre dernier sur le cours de Vincennes.
La Roulette ne pouvait évidemment pas manquer cela, mais au lieu de vous parler vieux copains, bières et arcades ouvertes via un récit de la journée, on a préféré aller discuter avec les 2 organisateurs, Lucien et Fred, pour mieux comprendre ce qui peut bien encore pousser des pas trentenaires à organiser un contest de roller.

Le come-back fat de Denis Gul !

La Roulette : Bon déjà les gars, est-ce qu’après-coup, vous êtes contents ?

Fred, après un grand sourire : Ouais carrément, même si c’est beaucoup de travail en amont, qu’on se demande parfois pourquoi on fait tout ça, mais oui à la fin c’est vraiment cool !

Lucien : Là Fred il a le sourire, mais toute la semaine d’avant, il a pas souri une seule fois ! Et le jour même, ça s’est pas décoincé avant 20H !

LR : Vous avez du passer énormément de temps à construire les modules, comment vous vous êtes débrouillés ?

F : On bossait pas pendant le premier confinement, et on a eu la chance qu’il y ait des travaux dans le parking qu’utilisent mes parents, ou on a commencé à poser un rail, puis fabriqué des modules en préparation de la Street Republique.

Antony dans ses pottiereries

LR : Que vous aviez calé à la base sur le 9 Mai, déjà sur le cours de Vincennes ?

L : La date, bon, on y croyait mais ça n’a pas pu le faire, et pour le spot, à la base on voulait le faire à Bastille, en profitant des travaux sur la place, mais le sol est pas terrible pour poser des modules, donc on s’est rabattu sur le cours de Vincennes, où en plus ça allait être plus facile de poser des modules en vandales, dans la continuité du petit park. Même si on avait déjà géré ça à République et Bastille !

LR : Du coup, petit retour en arrière, c’était déjà votre idée de départ de rajouter des éléments à chaque fois, plutôt que de faire un contest de street « classique » ?

F : On avait 2 axes de départ en fait, le premier c’était de pimper un spot déjà existant, déjà praticable, mais aussi d’inclure plus largement les riders avec un cash for tricks plutôt que de récompenser seulement quelques skaters sur la durée de la journée.

L : Ce qui permet, par exemple, quand tu vois un petit s’acharner sur son trick et finir par le plaquer de pouvoir le récompenser avec un petit billet, ça va le faire kiffer lui, mais aussi tout le public autour.

Non, ce cliché n’est pas photoshoppé

 

LR : PMG avait fait ça à Bercy il y a un bout de temps maintenant, vous étiez déjà là vous ?

L : Non, on a commencé pas très longtemps après, mais on s’est connus via PMG avec Fred.

F : Oui, et c’est une autre des raisons qui nous a motivé avec Fred, il se passait de moins en moins de choses avec l’asso, et nous on avait envie de faire vivre la scène parisienne, qui est moins rassemblée que les autres scènes françaises.

L : Et c’est pour ça qu’on voulait faire un événement fédérateur, en rameutant tout le monde, toutes les générations aussi de par l’ajout de modules, parce qu’on a aucun lieu à Paris qui serait à peu près correct pour faire un événement sympa.

LR : Bon, vu le monde qu’il y avait, on peut dire que ça a bien marché !

L : Oui déjà on avait 45 inscrits, et bien 200 personnes au total.

F : Et il y avait des gens de toute la France ! Bon, aussi parce qu’à part le Pro Bowl, c’était le seul contest de l’année. En tous cas, on est grave contents de ce que ça a donné. On savait pas trop ou on allait avec les 2 premières éditions, mais maintenant on se dit qu’on a envie de continuer dans cette direction, en essayant de trouver une plus grosse place.

Aisselle de star

 

LR : C’est là que l’exercice va devenir difficile, parce que pour choper des autorisations à Paris…

L : Et qu’en plus les gens du roller préfèrent les trucs à l’arrache ! Donc non, l’idée c’est pas forcément de faire un « gros » contest, mais on aimerait au moins pouvoir tout installer sereinement, sans avoir peur de se faire sauter la veille alors que tout le monde est là et que Nomades nous a filé 900 balles de prize money.

F : On a eu de la chance les fois précédentes, à République c’est passé crème alors que c’était en pleine manif, à Bastille les gilets jaunes ont changé leur parcours de manif la veille, et même là les riverains nous regardaient de travers, venaient voir ce qu’il se passait, etc…

LR : Et malgré ça tout a super bien tenu, certains modules sont encore là ! D’ailleurs comment vous avez financé tout ça ?

F : Ah ben les modules qui tiennent c’est grâce au parking, on les avait déjà montés là bas, on pouvait tester, réparer ce qui cassait, etc…

L : Et on a eu de la chance avec le confinement, ça nous a donné beaucoup plus de temps pour bosser dessus ! Sinon on n’aurait pas pu faire autant de trucs !

F : Côté sous, ben on a ouvert une cagnotte en ligne (merci d’ailleurs à tous ceux qui ont participé), on a eu les inscriptions, les recettes de la buvette, pis on a mis un peu de nos poches, mais l’objectif c’est de s’autofinancer déjà.

Yoro se sert du rail en royal pour monter en ao top soul sur le wall

 

LR : Et vous allez tout laisser là-bas ?

L : On aimerait bien tout ramener à Bercy, montrer qu’on occupe l’endroit, que ça doit rester chez nous quoi. Si on fait rien, on ne nous donnera rien. Même si ça risque de sauter assez vite.

F : On essaie de trouver du monde, des relais autour de nous pour nous aider, mais c’est pas évident.

L : On peut être à l’initiative de quelque chose, on l’a montré, mais on aura besoin d’un collectif pour pousser plus loin les pions de la scène parisienne.

LR : Et vous seriez chaud de monter une association pour aggréger tout ça ?

L : Si on veut monter des événements  « légaux » on sera obligés.

F : On est partagés là-dessus avec Lucien, parce qu’en soit, pour l’instant, en n’ayant pas de structure on n’est pas responsables si il arrive quelque chose. Mais si la mairie ou un sponsor nous demande de le faire, on le fera.

L : Et pour l’instant notre binôme fonctionne bien, Fred est plus dans le « faire » tandis que moi je suis plus à donner des idées, contacter les gens, etc… Mais là on arrive aux limites de ce qu’on peut faire à deux.

 

LR : Vous avez eu de l’aide pour le montage quand même, non ?

L : Ah ben oui carrément, heureusement, sinon on aurait jamais pu tout ramener.

F : Ouais il nous fallait des bras ! Merci encore les copains !

L : Et du monde pour tenir la buvette, les deux Morgane ont assuré ! Il restait plus rien !

 

La discussion dériva ensuite gentiment vers l’edit de l’événement, fraîchement finalisé, et que l’on vous poste ci-dessous.
Il présente pour nous un grand intérêt : celui de nous éviter d’avoir à citer riders, tricks, sponsors et autres remerciements, puisqu’on y retrouve tout ce qu’il faut.

En vrai, il nous offre surtout pour cette nouvelle année un petit concentré de la connerie de l’homme sans qui on se serait fait chier sur tant de contests de roller, l’immense Thomas Buchet !